Depuis plusieurs années, le métier d’infirmier est au centre des débats sur la santé publique. Pilier du système de soins, maillon indispensable entre les médecins, les patients et les structures, l’infirmier assure une mission essentielle au bon fonctionnement des établissements de santé. Pourtant, en 2025, la reconnaissance de cette profession, tant sur le plan financier que symbolique, reste un sujet brûlant.

Après les promesses du Ségur de la Santé, les mobilisations successives et la médiatisation de leur rôle pendant la pandémie, les infirmiers continuent de réclamer une revalorisation à la hauteur de leur engagement. Où en est-on réellement ? Quelles avancées ont vu le jour, et quels défis restent à relever ?


💬 Une profession essentielle encore en quête de reconnaissance

Un rôle central mais encore sous-estimé

Qu’ils travaillent à l’hôpital, en clinique, en EHPAD ou à domicile, les infirmiers assurent la continuité des soins et le lien entre les différents acteurs du système de santé. Leur champ d’action s’est élargi au fil des années : éducation thérapeutique, coordination, prévention, suivi à long terme… autant de missions qui font d’eux des experts de la santé globale du patient.

Pourtant, cette polyvalence n’a pas toujours été accompagnée de la reconnaissance qu’elle mérite. Les infirmiers se sentent souvent invisibles dans les décisions politiques et sous-valorisés face à la charge de travail croissante.

Les promesses du Ségur de la Santé : un tournant mitigé

En 2020, le Ségur de la Santé devait marquer un tournant. Avec un budget annoncé de plus de 8 milliards d’euros, l’objectif était clair : revaloriser les carrières médicales et paramédicales, améliorer les conditions de travail et redonner du sens au soin.

Concrètement, les infirmiers ont bénéficié d’une augmentation moyenne de 183 € nets par mois, et de la création de nouvelles grilles salariales. Cependant, beaucoup jugent ces mesures insuffisantes :

Une reconnaissance publique, mais une réalité fragile

La crise sanitaire du Covid-19 a mis en lumière l’engagement exceptionnel des soignants. Applaudis, salués, remerciés, les infirmiers ont incarné le courage et la solidarité. Mais une fois la crise passée, beaucoup ont ressenti une désillusion.

Le décalage entre le discours politique et la réalité du terrain alimente un sentiment de lassitude et d’injustice, accentué par la surcharge de travail et la pénurie de personnel.


⚖️ Les avancées récentes : ce qui a changé depuis 2020

Évolutions salariales et nouveaux statuts

Depuis le Ségur, des efforts ont été faits pour améliorer la rémunération et la progression de carrière :

Malgré cela, les écarts avec d’autres pays européens restent significatifs : un infirmier français gagne en moyenne 15 à 20 % de moins que ses homologues allemands ou belges.

Les infirmiers de pratique avancée : une avancée prometteuse

Créée en 2018, la fonction d’infirmier de pratique avancée (IPA) permet à certains professionnels formés au niveau master de suivre des patients chroniques, d’adapter les traitements ou encore de participer à la coordination du parcours de soins.

En 2025, les IPA sont de plus en plus nombreux, mais leur intégration demeure inégale selon les territoires. Ce rôle renforcé représente toutefois une reconnaissance concrète des compétences infirmières, ouvrant la voie à plus d’autonomie et de responsabilité.

Une représentation accrue dans les instances de santé

Autre évolution notable : la présence des infirmiers dans les instances de décision. Les syndicats et associations professionnelles obtiennent davantage de sièges dans les comités stratégiques régionaux et nationaux.

Cette implication contribue à faire entendre la voix du terrain, même si la route reste longue pour une véritable parité de représentation avec les professions médicales.


🚀 Reconnaissance, attractivité, fidélisation : les clés du futur

Améliorer les conditions de travail pour fidéliser les équipes

Le principal frein à la reconnaissance reste les conditions de travail. Manque de moyens, rythmes épuisants, effectifs insuffisants : ces facteurs alimentent un taux de démission record dans les hôpitaux et les EHPAD.

Pour redonner envie de rester dans la profession, il faut :

Les établissements qui ont investi dans la qualité de vie au travail (QVT) constatent déjà une baisse de l’absentéisme et un meilleur climat professionnel.

Redonner du sens et de la fierté à la profession

La reconnaissance passe aussi par le regard porté sur le métier. Les infirmiers ne sont pas de simples exécutants : ce sont des professionnels de santé autonomes, formés à l’analyse, à la décision et à la relation humaine.

Des initiatives locales émergent : portraits de soignants, campagnes de sensibilisation, formations à la valorisation des compétences. Ces actions contribuent à restaurer la fierté d’appartenance et à attirer de nouvelles vocations.

L’attractivité pour les jeunes générations

Les jeunes infirmiers sont de plus en plus exigeants sur le sens et l’équilibre de vie. Pour eux, la reconnaissance doit se traduire par :

Sans une stratégie claire pour fidéliser les jeunes diplômés, la pénurie de personnel risque de s’aggraver dans les années à venir.


🌟 Valoriser les infirmiers, c’est renforcer tout le système de santé

La revalorisation du métier infirmier dépasse la seule question du salaire. Elle concerne la place même de ces professionnels dans la société.

Les infirmiers incarnent une santé de proximité, humaine et réactive. Leur expertise, leur écoute et leur disponibilité en font les premiers garants du lien entre le système de soins et les citoyens.

Reconnaître leur rôle, c’est :

En 2025, le message est clair : valoriser les infirmiers, c’est investir dans la santé de demain.
Les Journées des Infirmiers continueront d’en être le porte-voix, en mettant à l’honneur ces professionnels qui, chaque jour, portent le soin, l’humanité et la solidarité au cœur de leur engagement.